Autrefois perçue comme le symbole de la libération des femmes, la pilule contraceptive crée une réelle polémique. Pourtant très plébiscitée par les médecins, la méfiance quant à sa dangerosité sur la santé gagne du terrain.
La pilule fait polémique
La pilule représente-t-elle un danger pour la santé des femmes ? Autorisée en France en 1967 par la loi Nauwirth, son innocuité est de plus en plus remise en question. En 2010, 45% des femmes y avaient recours contre 36,5% en 2016, selon les deux enquêtes « Fécond » réalisées par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et l’Institut national d’études démographiques (Ined). Ce mode de contraception reste toutefois le plus utilisé au sein de l’Hexagone et se hisse au troisième rang à l’échelle mondiale.
Cette méfiance vis-à-vis de la pilule contraceptive, se traduisant par une baisse considérable de son utilisation, a réellement pris de l’ampleur en 2012. Un véritable scandale éclate lorsqu’une étudiante, Marion Larat, se retrouve handicapée à 65% suite à un AVC qu’elle impute à la prise de la pilule de 3e génération Meliane. La jeune femme mène alors un réel combat qui ouvre la voie à 130 plaintes, dans le cadre d’une enquête préliminaire visant 29 marques de pilules de 3e et de 4e générations. Parmi ces médicaments, on retrouve notamment la Diane 35, dont la prescription est désormais interdite.
Mais que lui reproche-t-on ?
« Migraines, dépression, baisse de libido : difficile d’ignorer les dangers de la contraception hormonale – produit cancérigène de première catégorie, perturbateur endocrinien et véritable castrateur chimique – et ses conséquences sur le corps humain et l’environnement. » dénonce Sabrina Debusquat, dans son ouvrage « J’arrête la pilule », publié le 6 septembre 2017.
La journaliste indépendante y accuse la pilule contraceptive de favoriser le cancer du sein, les embolies pulmonaires et les AVC. La parution de ce livre a relancé la polémique autour de la pilule, l’auteur déclarant « On a plus de femmes qui vont décéder à cause de leur pilule chaque année qu’à cause de violences conjugales. ».
Cette affirmation alarmante est fausse puisqu’une étude du Ministère de l’Intérieur affirme qu’une femme meurt tous les trois jours de violences conjugales, tandis que les pilules œstroprogestatives, toutes générations confondues, seraient responsables de 20 décès par an en France selon une étude de l’agence du médicament. Sabrina Debusquat est ainsi revenu sur ses propos et a réédité son livre.
Cette défiance est-elle réellement justifiée ?
Dans une interview livrée à madmoizelle.com, la gynécologue et militante féministe Danielle Gaudry explique « Les produits contenus dans la pilule à certaines doses sont classés comme produits cancérogènes de catégorie 1. Par contre, le nombre de cas de cancers du sein des femmes ayant pris la pilule ne montrent pas une augmentation incidente. C’est très faible comme chiffre. Et il faut dire aussi que la pilule évite les cancers de l’ovaire et réduirait aussi le nombre de cancers du côlon. Donc à ne montrer que les risques et non pas les bénéfices, on tronque la vérité. »
La spécialiste revient également sur les contre-indications et les effets secondaires de la pilule contraceptive « Concernant la pilule oestroprogestative, selon les dosages et types de progestatifs il existe des contre-indications absolues. Par exemple les problème de coagulation avec des antécédents de phlébite personnelle ou répétées dans la famille, antécédents d’AVC, diabète compliqué, cancer du sein, hypertension… À propos de la pilule avec seulement un progestatif, il y a très peu de contre-indications : une phlébite en cours, l’acné majeure, mais ce ne sont que des contre-indications rares. En termes d’effets secondaires, on peut avoir mal au sein, des saignements intermittents, des maux de tête, une reprise d’acnée, une prise de poids… ».
La pilule contraceptive, qui symbolisait autrefois la libération des femmes, crée désormais la polémique. Migraines, dépression, baisse de libido, les effets secondaires sont nombreux mais les spécialistes rassurent quant à son usage.
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