Dans un communiqué paru le 11 janvier, l’Académie de médecine recommande de ne pas espacer les doses de vaccin, ce qui va à l’encontre des directives du gouvernement, mais aussi de celles de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et de l’Agence européenne du médicament.
Injection d’une seconde dose de vaccin : des recommandations différentes
Le 7 janvier, le ministre de la Santé Olivier Véran, a annoncé qu’il était possible de différer « jusque’à six semaines au lieu de trois » l’injection de la deuxième dose du vaccin Pfizer/BioNTech contre le Covid-19, « sans perte d’efficacité ». Le 11 janvier, l’Académie nationale de médecine a toutefois émis un avis défavorable à cette recommandation.
L’organisme recommande « de se conformer autant que possible au schéma vaccinal prescrit par le fabricant (21 jours pour Pfizer/BioNTech, 28 jours pour Moderna) » et « de ne différer l’injection de la seconde dose que si les circonstances l’exigent (manque de doses disponibles) et sans excéder un dépassement de 3 semaines ».
L’OMS et l’Agence Européenne du Médicament ont quant à eux élargi ce délais de 21 à 42 jours. Le Royaume-Uni, qui fait face à une hausse des décès liés au Covid-19 et à une saturation des hôpitaux, a même adopter un délai de 12 semaines, afin d’immuniser la population le plus vite possible.
Une efficacité amoindrie ?
Dans son communiqué, l’Agence nationale de Médecine explique que « Le laboratoire BioNTech rappelle que le taux d’efficacité du vaccin, de 52 % après la première dose, s’élève à 95 % lorsque la deuxième dose a été administrée à 21 jours, mais ne garantit pas un taux d’efficacité aussi élevé si la seconde injection est différée au-delà. ». Elle rappelle par ailleurs que l’injection de rappel « est généralement suivie d’une ré-ascension rapide du titre d’anticorps et d’un renforcement durable de l’immunité protectrice. ».
Selon l’organisme, « Le risque individuel d’aggravation par anticorps facilitants doit être évoqué quand l’infection survient chez une personne ayant un faible taux d’anticorps neutralisants, le report de la deuxième injection prolongeant cet état de réceptivité accrue ». Les anticorps facilitant aggravent la vulnérabilité face au virus, au lieu de protéger l’organisme.
Un terrain favorable aux nouveaux variants
Autre inquiétude de l’organisme concernant une injection trop différée de la première : l’apparition d’un terreau favorable aux variants du Covid-19, ce qui rendrait la vaccination inefficace. « Sur le plan collectif, l’obtention d’une couverture vaccinale élargie, mais fragilisée par un faible niveau d’immunité, constituera un terrain favorable pour sélectionner l’émergence d’un ou de plusieurs variants échappant à l’immunité induite par la vaccination. » peut-on lire dans le communiqué.
Face à ces risques, l’Académie de médecine recommande donc de ne pas dépasser plus de trois semaines avant d’injecter la seconde dose et « de réserver cet élargissement aux personnes âgées de moins de 50 ans et ne présentant aucun facteur de risque de forme grave de Covid-19 ; de prescrire un renforcement des mesures barrière pour que toute personne vaccinée évite d’être infectée avant l’administration de la seconde dose ; d’évaluer l’impact de cet élargissement sur l’augmentation du nombre de personnes primo-vaccinées chaque semaine. ».
L’Académie nationale de médecine recommande d’espacer l’injection des deux doses du vaccin Pfizer/BioNtech contre le Covid-19 de seulement trois semaines, tandis que le gouvernement a annoncé qu’il était possible d’espacer jusque’à six semaines.
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