La e-santé serait un puissant outil pour lutter contre les addictions : c’est ce que plaident deux spécialistes dans un rapport remis à la Midelca, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.
Les addictions en France en quelques chiffres
En France, on dénombre plus de 13 millions de consommateurs de tabac quotidiens, 5 millions d’alcool et 700.000 de cannabis. On estime que le tabac est responsable de 73.000 décès par an et l’alcool 41.000. Même si 20 milliards d’euros sont dépensées chaque année par l’État et l’assurance maladie pour prévenir et prendre en charge ces addictions, seuls 20% des malades bénéficieraient d’un traitement.
La e-santé, une méthode qui a fait ses preuves
Pour le Pr. Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions et le Dr. Jean-Pierre Thierry, conseiller e-santé de l’organisme, la e-santé encouragerait davantage les personnes souffrant d’addictions à se soigner. Dans un rapport remis à la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, ils estiment que les pouvoirs publics devraient investir davantage dans ce domaine qui a fait ses preuves. Selon les auteurs, l’expérience de l’usage des nombreux outils tels que les applis mobiles, les objets connectés, les téléconsultations ou encore les réseaux sociaux « permet de disposer d’un niveau de preuve suffisant pour justifier leur déploiement ».
Michel Reynaud explique ainsi à l’AFP que «Ce sont des pathologies souvent honteuses que les gens ont du mal à s’avouer dans une société qui a tendance à considérer, en tout cas pour les substances licites, qu’il est normal de consommer, même de surconsommer. Et d’un autre côté, on a un dispositif de soins totalement insuffisant au regard des besoins.»
La e-santé permettrait ainsi de «révolutionner les prises en charge des conduites addictives» en permettant de « faciliter le contact avec quelqu’un qui vous aide à y voir clair ».
4 niveaux de recommandations
Les auteurs du rapport ont ainsi catalogué les différents dispositifs existants et les preuves de leur efficacité et ont proposé quatre niveaux de recommandations : l’amélioration de l’information et de la prévention, le repérage des addictions, la création de réseaux de soins virtuels et l’intégration de ces dispositifs dans des infrastructures adaptées.
Le Pr. Michel Reynaud et le Dr. Jean-Pierre Thierry incitent également à miser sur l’intelligence artificielle et des nombreuses données générées par les smartphones notamment, pour réaliser des études cliniques et pour faire de l’épidémiologie, tout en garantissant une protection des données personnelles.
Dans un récent rapport remis à la Midelca, deux spécialistes des addictions recommandent l’usage et l’investissement dans la e-santé, afin d’inciter les personnes souffrant d’addiction à se prendre en charge.
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