Dans un référé adressé au ministère de la Santé, la Cour des comptes signale qu’en France, la consommation d’antibiotiques est trop importante. Pour comparer, les Français en prennent trois fois plus que les Néerlandais. Leur usage doit donc diminuer.
Un problème de santé publique
La Cour des comptes tente de lutter contre la prescription inutile d’antibiotiques en France. Un problème de santé publique qui persiste depuis quelques années maintenant. En 2002 déjà, l’assurance-maladie a lancé une campagne, avec comme slogan «Les antibiotiques, c’est pas automatique». Une initiative efficace, car leur usage baisse de 19% entre 2000 et 2004. Mais l’élan est de courte durée, puisqu’entre 2005 et 2015, il bondit de 3%.
Aujourd’hui, la consommation de ces médicaments est toujours un problème. La France est le troisième plus gros consommateur d’antibiotiques, derrière la Grèce et Chypre. La Cour des comptes relève même de fortes disparités de consommation sur le territoire, alors que rien ne les justifie selon elle. En effet, entre les Pays de la Loire, région qui en consomme le moins et les Hauts-de-France, région qui en consomme le plus, l’écart est de 25%.
Développement de l’antibiorésistance
En 2017, c’est 759 tonnes d’antibiotiques destinés à l’Homme et 499 à l’animal. Ainsi, avec le temps, certaines bactéries sont devenues résistantes, rendant donc ces médicaments inefficaces. Les experts dénombrent 25 000 morts en Europe et entre 2000 et 12 500 décès par an en France, liés à l’antibiorésistance. «La prescription massive et inappropriée des antibiotiques contribue non seulement à sélectionner les bactéries de plus en plus résistantes, mais aussi réduit leur efficacité, rendant plus difficile le traitement des patients.» souligne la Cour des comptes.
Face à ce phénomène, en novembre 2018, dans un communiqué, les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche indiquent que 40 millions d’euros supplémentaires sont débloqués, pour soutenir la recherche de nouveaux antibiotiques.
Les solutions
Pour lutter contre ce fléau, les «sages» souhaitent que le ministère de la Santé mette en place des mesures. Premièrement, il faut mieux organiser la délivrance des antibiotiques. Cela passe par exemple par le développement des tests rapides d’orientation diagnostic (TROD) de l’angine. Un simple prélèvement dans la gorge du patient, permet au médecin généraliste de déterminer si l’angine est virale ou bactérienne. Ainsi, si l’infection est virale, il n’y a pas besoin d’antibiotiques. Dans le second cas, la prescription est justifiée. Mais le problème, c’est que seulement 40% des généralistes effectuent ce test.
Lors de sa réponse à l’alerte lancée par la Cour des comptes, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, rappelle que ces tests peuvent désormais être effectués par les pharmaciens et que son développement est en cours : «Nous étudions actuellement les modalités de l’extension de cette mesure.»
Autre solution, l’idée est de proposer un mode de dispensation des antibiotiques à l’unité et non par boîte, pour limiter l’automédication. Selon Agnès Buzyn, cette mesure est «en cours de mise en place, dans un premier temps sur quelques antibiotiques, parmi les plus prescrits et pour lesquels il existe une présentation adaptée à ce mode de dispensation ; nous devrons en évaluer l’impact avant de l’étendre à d’autres molécules». Cette mesure devrait réduire la consommation de 10%.
La France compte parmi les plus gros consommateurs d’antibiotiques. Ce problème favorise l’antibiorésistance, responsable de nombreux décès en France. La Cour des comptes s’alarme et demande à Agnès Buzyn d’agir. Ainsi, des solutions se mettent en place comme le développement des «test d’angine», pour limiter la délivrance de ces médicaments.
