Nous sommes allés à la rencontre de Juliette de Feraudy, créatrice de la marque Walleriana – une marque française s’adressant aux personnes sujettes aux troubles légers de la circulation veineuse. Portrait d’une jeune entrepreneuse.
Bonjour Juliette, peux-tu te présenter en quelques mots et revenir sur ton parcours professionnel ?
Diplômée d’un master en droit de l’audiovisuel en 2009 à Lyon, j’ai d’abord travaillé 1 an au sein d’une web-radio dans le sud-ouest ( je m’occupais de la partie juridique et j’avais ma propre émission de critiques de films diffusée en live). Je suis arrivée à Paris à la fin de cette expérience et ai travaillé 3 ans et demi dans une grosse entreprise du secteur des assurances. J’y faisais principalement du recouvrement de créances, n’ayant pu trouver de travail dans le domaine de l’audiovisuel et du cinéma. J’ai beaucoup appris au sein de cette entreprise, mais après quelques années, il me semblait avoir fait le tour de l’activité. N’ayant aucun moyen de gravir les échelons et fatiguée de me battre contre un monstre administratif dont les rouages me dépassaient, j’ai fini par me lancer et créer ma propre petite entreprise, dans un secteur n’ayant absolument rien à voir avec tout ce que j’avais réalisé jusqu’à présent !
Comment t’est venue l’idée de créer Walleriana ?
L’idée m’est venue car je commençais à souffrir sérieusement de jambes lourdes et gonflées après des journées entières passées assise derrière un ordinateur. J’ai fini par consulter un angiologue qui m’a prescrit des bas de contention et m’a avertie que si je ne les portais pas régulièrement, je risquais d’avoir de plus gros problèmes à long terme. Je suis donc allée acheter ma première paire de bas de contention en pharmacie à tout juste 24 ans… L’expérience fut… comment dire… dramatique ? Je me suis vue proposer des bas tous plus laids les uns que les autres, les moins pires étant les noirs, avec une maille épaisse qui me faisait étouffer de chaleur en plein été. Bref, à partir de ce moment, j’ai commencé à me poser de nombreuses questions sur ces produits. A la fois géniaux car réellement capables de soulager mes jambes lourdes, et horribles de par leur design, j’ai décidé d’étudier le marché et me suis lancée pour proposer des produits plus jolis. Il me semblait qu’il était plus que temps de rajeunir ces bas à la réputation de « bas à varices pour mémé » désormais portés par des individus de plus en plus jeunes. C’est ainsi qu’est née Walleriana.
Qu’est-ce qui t’a réellement poussé à ouvrir ta propre entreprise ?
Un mélange d’ennui dans mon travail à l’époque, d’insubordination ( j’ai réalisé que je n’aimais pas beaucoup l’autorité…), de besoin de créer, de réaliser quelque chose qui ait du sens à mes yeux.
Quand on sait que près de 90% des startups échouent, n’as-tu pas eu peur de te lancer ?
Je n’ai absolument pas eu peur car je me suis lancée sans vraiment penser que ça pouvait fonctionner ou échouer. J’avais un grand besoin de challenge, de découvrir de nouveaux horizons, d’apprendre, de sortir de ma zone de confort (d’autant que celle-ci n’était plus si confortable). Rester enfermée dans une situation qui ne me convenait pas était bien pire à mes yeux que d’oser me lancer. Et surtout, ce que je faisais à l’époque n’avait plus aucun sens, et je me sentais nulle, vidée, un vrai robot qui effectuait des tâches inintéressantes à longueur de journées. Créer mon entreprise n’était plus si effrayant face à la perspective de devenir un zombie dépressif.
Es-tu épanouie dans ta vie professionnelle aujourd’hui ?
Il y a des moments où j’ai envie de tout arrêter, et généralement, c’est le cas quand je suis épuisée physiquement et mentalement. Alors je me recentre sur des activités plus terre à terre comme le sport, le dessin, la couture, la lecture ou l’écriture. Ça m’aide à mettre de l’ordre dans mes idées, à me poser un peu et à mieux repartir sur de nouvelles bases plus saines. La liberté de l’entrepreneur est très subjective : décrocher de son travail est quasiment impossible, on est scotché à son ordi ou son téléphone du matin au soir, weekends compris. Pourtant, j’ai appris à me fixer des limites pour ne pas imploser, et je suis bien plus heureuse aujourd’hui que je ne l’ai été durant toutes mes années de salariat !
Quel conseil pourrais-tu donner à toutes les femmes qui souhaitent entreprendre ?
Cesser d’avoir peur, de repousser toujours le moment de vous lancer sous un prétexte ou un autre !
Il faut cesser d’écouter toutes ces âmes négatives qui nous disent que c’est impossible, que ça ne marchera pas, qu’on n’est pas à la hauteur parce qu’on a déjà de trop nombreuses choses à gérer par ailleurs dans notre vie privée, parce qu’on a un bon métier ou autre. Si l’envie est là, que le projet est bien ficelé, lancez-vous !
Ces commentaires négatifs sont bien souvent issus de notre propre petite voix intérieure, ou pire, d’individus jaloux qui tentent de briser vos rêves parce qu’ils n’ont pas eu le courage de réaliser les leurs. Entourez-vous de personnes passionnées, bien dans leurs baskets, qui vous veulent du bien. Rencontrez d’autres femmes entrepreneurs, recherchez leurs conseils, entourez-vous, ne restez pas seule chez vous ! Formez-vous si vous avez des lacunes, internet est génial pour ça ! Et puis si ça ne fonctionne pas, au pire, vous aurez appris de nouvelles compétences et vous en sortirez grandie, plus confiante.
C’est à seulement 27 ans que Juliette de Feraudy a lancé sa marque « Walleriana », qui met un terme à la réputation «bas à varice pour mémé » des bas à contention ! Pari réussi pour cette jeune entrepreneuse inspirante.
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