Les scientifiques savaient déjà que le sommeil de mauvaise qualité a indubitablement un impact sur le cerveau. Ils se sont penché sur les mécanismes qui associent la maladie d’Alzheimer au sommeil de mauvaise qualité et ont découvert grâce à différentes techniques d’imagerie cérébrale que des altérations du cerveau de personnes âgées, pourtant en bonne santé, pouvaient être provoquées par les apnées du sommeil.
L’apnée du sommeil
Le syndrome d’apnée obstructive du sommeil est le trouble respiratoire du sommeil le plus fréquent et touche 30% de la population âgée de plus de 65 ans. La pathologie se manifeste chez les personnes atteintes par des interruptions incontrôlées de la respiration au cours du sommeil et à une obstruction temporaire des voies aériennes supérieures situées au niveau de la gorge.
L’apnée du sommeil est associée à de nombreuses maladies, notamment les maladies cardiovasculaires. Mais cette pathologie reste silencieuse assez longtemps et est donc probablement sous-estimée par la population générale.
Un lien entre la qualité du sommeil et la maladie d’Alzheimer
De nombreuses études scientifiques menées ces dernières années ont démontré un lien entre la qualité du sommeil, notamment la présence d’apnées du sommeil, et le développement de la maladie d’Alzheimer, sans pour autant expliquer les mécanismes biologiques qui sous-tendent cette association.
Géraldine Rauchs, chercheuse à l’Inserm, a donc mené une étude dans le laboratoire Physiopathologie et Imagerie des maladies neurologiques (Inserm / Université de Caen-Normandie ) en collaboration avec le laboratoire Neuropsychologie et imagerie de la mémoire humaine (Inserm/Université de Caen-Normandie/École Pratique des Hautes Etudes – PSL).
L’apnée du sommeil entraine des changements dans le cerveau
Au cours de cette étude publiée dans la revue JAMA Neurology, les chercheurs ont eu recours à différentes techniques d’imagerie cérébrale afin de cartographier les changements cérébraux sur le plan structurel et moléculaire mais également sur le plan fonctionnel.
Les chercheurs ont réalisé cette étude sur près de 127 personnes âgées de plus de 65 ans, atteintes d’apnées du sommeil non traitées. Tous étaient en bonne santé et ne présentaient pas de problème cognitif.
À l’aide d’un appareil portatif permettant d’enregistrer à domicile le sommeil et la respiration des participants au cours de la nuit, les scientifiques ont remarqué la présence d’apnées du sommeil chez près de 75% d’entre eux, à des degrés de sévérité variables.
Tous les participants ont également été soumis à une série de tests afin d’évaluer leur fonctionnement cognitif, notamment leurs fonctions exécutives et leur mémoire. Ils sont répondu à des questionnaires portant sur leurs perceptions de leur fonctionnement cognitif et sur la qualité de leur sommeil.
Des examens d’imagerie cérébrale ont également été réalisés afin d’étudier le cerveau des participants sous tous les angles, pour identifier d’éventuels changements pouvant être associés à la maladie d’Alzheimer. Aucune différence n’a été observée entre les différents participants concernant leurs performances cognitives, en revanche, l’imagerie cérébrale révèle plusieurs changements notables dans le cerveau des personnes atteintes d’apnée du sommeil.
En effet, chez ces derniers, les chercheurs ont pu observer que l’accumulation de la protéine bêta-amyloïde dans le cerveau est plus importante. Cette protéine est caractéristique de la maladie d’Alzheimer et s’accule sous forme de plaques qui, selon leur densité et leur répartition dans le cerveau, peuvent causer l’apparition de signes cliniques de la pathologie.
Les chercheurs ont également observé une augmentation de la masse de la matière grise et de la consommation de glucose chez ces participants, ce qui suggère la présence d’un processus inflammatoire dans le cerveau.
Une meilleure compréhension du lien entre qualité de sommeil et maladie d’Alzheimer
Géraldine Rauchs explique « À l’heure où les essais cliniques visant à tester des traitements contre la maladie d’Alzheimer ne sont pas encore couronnés de succès, l’identification de facteurs de risque et de protection sur lesquels agir intéresse de plus en plus les chercheurs. Grâce à l’utilisation de plusieurs méthodes d’imagerie cérébrale, cette étude nous a permis de préciser les mécanismes expliquant les liens entre qualité du sommeil, risque de déclin cognitif et de maladie d’Alzheimer. Cela ne veut pas dire que ces personnes vont nécessairement développer la maladie, mais elles présentent un risque plus élevé. De plus, il existe des solutions efficaces pour traiter les apnées du sommeil. Détecter les troubles du sommeil, notamment les apnées du sommeil, et les traiter ferait donc partie des moyens pour favoriser le vieillissement réussi ».
Les chercheurs souhaitent désormais s’intéresser à l’impact du traitement de l’apnée du sommeil sur l’évolution des lésions cérébrales et d’analyser les différences entre le cerveau des hommes et des femmes souffrant de ce trouble du sommeil.
Géraldine Rauchs, chercheuse à l’Inserm, et son équipe, ont observé que les apnées du sommeil sont liées au développement de la maladie d’Alzheimer.
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